Joseph Maurice Ravel (
Ciboure, Pyrénées-Atlantiques,
7 mars 1875 –
Paris,
28 décembre 1937) était un
Compositeur français de l’époque
moderne. Son oeuvre, fruit d'une recherche obstinée de perfection et d'un héritage s'étendant de
Rameau aux pionniers du
Jazz, dénote un style original qui, après avoir participé au début du siècle du mouvement
impressionniste, s'orienta vers un
Néoclassicisme plus dépouillé. Reconnu comme un maître de l’
Orchestration et un artisan méticuleux, cet homme à la personnalité complexe ne s'est jamais départi d'une sensibilité et d'une expressivité qui, selon Le Robert, lui firent évoquer dans son oeuvre à la fois « les jeux les plus subtils de l’intelligence » et « les épanchements les plus secrets du coeur ».
Assez peu prolifique (quatre-vingt-six oeuvres originales, vingt-cinq oeuvres orchestrées ou arrangées), la production musicale de Ravel présente une proportion élevée d'oeuvres reconnues comme majeures. Parmi celles-ci le ballet symphonique Daphnis et Chloé (1912), le Boléro (1928), les deux concertos pour piano et orchestre (pour la main gauche, 1929-31 ; en sol majeur, 1930-31) et l’orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski (1922) sont celles qui ont le plus contribué, depuis des décennies, à la renommée internationale du musicien.
Biographie
1875–1900 : l’apprentissage
Enfance heureuse
Maurice Ravel naquit le 7 mars 1875 quai de la Nivelle à Ciboure, dans les Pyrénées-Atlantiques. Son père, Joseph Ravel (1832–1908), était un ingénieur renommé aux ascendants suisses et savoyards (Ravex), qui travailla notamment pour l'industrie automobile et étendit les recherches de Lenoir sur les moteurs à explosion. Sa mère, Marie Delouart-Ravel (1840–1917), était une basque, descendante d’une vieille famille espagnole (Deluarte). Il eut un frère, Édouard Ravel (1878–1960) avec lequel il eut toute sa vie de forts liens affectifs.
En juin 1875, la famille Ravel se fixa définitivement à Paris. La légende qui veut que l’influence de l’Espagne sur l’imaginaire musical de Maurice Ravel soit liée à ses « origines basques » est donc exagérée, d’autant que le musicien ne retourna pas au Pays basque avant l’âge de vingt-cinq ans. En revanche, il revint régulièrement par la suite séjourner à Saint-Jean-de-Luz et dans ses environs pour y passer des vacances ou pour travailler.
L’enfance de Ravel fut heureuse. Ses parents, attentionnés et cultivés, familiers des milieux artistiques, surent très tôt éveiller son don musical et encourager ses premiers pas. Le petit Maurice commença l’étude du piano à l’âge de six ans sous la férule d’Henry Ghys et reçut ses premiers cours de composition de Charles René (harmonie et contrepoint). Le climat artistique et musical prodigieusement fécond de Paris à la fin du XIXe siècle ne pouvait que convenir à l’épanouissement de l'enfant Ravel qui cependant, au désespoir de ses parents et de ses professeurs, reconnut plus tard avoir joint à ses nombreuses dispositions « la plus extrême paresse. »
- « Tout enfant, j’étais sensible à la musique — à toute espèce de musique. Mon père, beaucoup plus instruit dans cet art que ne le sont la plupart des amateurs, sut développer mes goûts et de bonne heure stimuler mon zèle. » (Ravel, Esquisse autobiographique, 1928).
Avenir prometteur
Entré au Conservatoire de Paris en 1889, Ravel fut l’élève de Charles de Bériot et se lia d’amitié avec le pianiste espagnol Ricardo Viñes, qui devint l’interprète attitré de ses meilleures oeuvres et avec qui il rejoignit plus tard la Société des Apaches. Enthousiasmé par la musique de Chabrier et de Satie, admirateur de Mozart, Saint-Saëns, Debussy et du Groupe des Cinq, influencé par la lecture de Baudelaire, Poe, Condillac, Villiers de L’Isle-Adam et surtout de Mallarmé, Ravel manifesta précocement un caractère affirmé et un esprit musical très indépendant. Ses premières compositions en témoignèrent : elles étaient déjà empreintes d’une personnalité et d’une maîtrise telles que son style ne devait guère connaître d’évolution par la suite : Ballade de la reine morte d’aimer (1894), Sérénade grotesque (1894), Menuet antique (1895) et les deux Sites auriculaires pour deux pianos (Habanera, 1895 et Entre cloches, 1897).
1897 vit entrer Ravel dans la classe de contrepoint d’André Gedalge et Gabriel Fauré devenir son professeur de composition ; deux maîtres dont il reçut l'enseignement avec comme condisciple Georges Enesco. Fauré jugea le compositeur avec bienveillance et salua « un très bon élève, laborieux et ponctuel » à la « sincérité désarmante ». Avec la fin de ses études vint la composition de l’ouverture de Shéhérazade (créée en mai 1899 sous les sifflets du public, à ne pas confondre avec les trois poèmes de Shéhérazade pour voix de femme et orchestre datés de 1903), et de la célèbre Pavane pour une infante défunte qui reste son oeuvre pour piano la plus jouée par les mélomanes amateurs, même si son auteur ne l’estimait pas beaucoup.
À la veille du XXe siècle, le jeune Ravel était déjà un compositeur reconnu, et ses oeuvres discutées. Pourtant son accession à la célébrité n’allait pas être chose aisée. L’audace de ses compositions et son admiration proclamée pour les « affranchis » Chabrier et Satie allaient lui valoir bien des inimitiés parmi le cercle des traditionalistes.
1900–1918 : la grande période
Prix de Rome : « l'affaire Ravel »
Les cinq échecs du compositeur au
Prix de Rome (1900, 1901, 1902, 1903, 1905) se dessinèrent ainsi sur fond de querelle entre conservateurs et tenants du modernisme. Éliminé aux épreuves préparatoires en 1900, Ravel n'obtint qu'un Deuxième Second Grand prix en 1901 (derrière
André Caplet et
Gabriel Dupont) pour sa
Cantate Myrrha inspirée du
Sardanapale de
Lord Byron, n'obtint de récompense ni en 1902 (cantate
Alcyone d'après
Les Métamorphoses d'
Ovide) ni en 1903 (cantate
Alyssa sur un texte de Marguerite Coiffier) et fut exclu en plein concours en 1905 pour avoir dépassé de quelques semaines la limite d’âge. Largement relayée par la presse, cette dernière affaire provoqua un scandale qui suscita, par-delà le monde musical, un courant de sympathie pour le compositeur (
Romain Rolland notamment prit sa défense), et contraignit à la démission le directeur du Conservatoire de Paris,
Théodore Dubois, qui fut remplacé par Fauré. Au-delà du tapage médiatique, ce qu'on appela « l’affaire Ravel » contribua à faire connaître le nom du musicien.
Premiers chefs-d’oeuvre
C’est avec les
Jeux d’eau pour piano, datés de
1901, que s’affirma pour de bon la personnalité musicale de Ravel, qui allait rester profondément indépendante dans la richesse du patrimoine musical de l’époque. Bien qu'ayant longtemps porté l’étiquette de « debussyste », il s'avéra que Ravel lui-même avait eu une influence sur
Debussy, visible notamment dans les
Estampes pour piano (
1903). Les critiques musicaux aidant (en particulier Pierre Lalo du
Temps, l'un des plus farouches adversaires de la musique de Ravel), cette influence mutuelle fut assez vite vécue comme une dualité par Debussy ; les deux hommes ne furent pas amis et n'eurent jamais que des relations strictement professionnelles.
Dès cette époque s'affirmèrent les traits ravéliens les plus caractéristiques. Réserve, pudeur, raffinement mélodique, goût pour les sonorités hispaniques et orientales, pour l’exotisme et le fantastique, recherche de la perfection formelle irradièrent l'oeuvre du compositeur au cours de la période qui s’étendit de 1901 à 1908, à laquelle appartiennent notamment le Quatuor à cordes en fa majeur (1902), les mélodies de Shéhérazade sur des poèmes de Tristan Klingsor (1904), les Miroirs et la Sonatine pour piano (1905), lIntroduction et allegro pour harpe (1906), la Rapsodie espagnole (1908) et la suite Ma Mère l'Oye (1908) qu'il dédia aux enfants de ses amis Ida et Cipa Godebski, puis son grand chef-d’oeuvre pianistique, Gaspard de la nuit (1908), inspiré du poème éponyme d’Aloysius Bertrand.
Succès et déceptions
Avril 1909 trouva Ravel à Londres, chez Ralph Vaughan Williams, pour sa première tournée de concerts à l’étranger. Il put à cette occasion découvrir qu’il était déjà connu et apprécié outre-Manche. Il fut en 1910 (avec Charles Koechlin et Florent Schmitt notamment) l’un des fondateurs de la Société Musicale Indépendante (S.M.I.) créée pour promouvoir la musique contemporaine, par opposition à la Société Nationale de Musique, plus conservatrice, alors présidée par Vincent d’Indy et liée à la Schola Cantorum. La S.M.I., très active jusqu'au milieu des années 1930, donna en première audition un grand nombre des oeuvres de Ravel et contribua à faire connaître la musique de la jeune école française (Aubert, Caplet, Delage, Huré, Koechlin, Schmitt, etc.) et celle de compositeurs d'avant-garde alors peu diffusés en France (Ravel y invita notamment le jeune Béla Bartók).
Au début des années 1910, deux oeuvres majeures donnèrent à Ravel des difficultés. L'Heure espagnole, premier ouvrage lyrique du compositeur, écrit sur un livret de Franc-Nohain, fut achevé en 1907 et créé en 1911. L'opéra fut mal accueilli par le public et surtout par la critique (le mot pornographie fut lâché). Ni l’humour savoureux du livret ni les hardiesses orchestrales de Ravel n’ont été compris. Parallèlement, pour répondre à une commande de Serge de Diaghilev dont les Ballets russes triomphaient à Paris, Ravel composa à partir de 1909 le Ballet Daphnis et Chloé. Cette Symphonie chorégraphique, qui utilise des choeurs sans paroles, est une vision de la Grèce antique que Ravel voulait proche de celle que les peintres français du XVIIIe siècle avaient donnée. L’argument de l’oeuvre fut co-rédigé par Michel Fokine et Ravel lui-même. Il s’agit de l’oeuvre la plus longue du compositeur, et celle dont la composition fut la plus laborieuse. Là encore l’accueil fut inégal après la création en juin 1912, deux ans après le triomphe du révolutionnaire Oiseau de feu de Stravinski. Ce semi-échec provoqua pour longtemps l'amertume de Ravel.
1913. Homme engagé, Ravel soutint sans conditions son ami Stravinski lors de la création tumultueuse du Sacre du printemps à Paris. Cette période qui précédait la guerre, Ravel la décrivit plus tard comme la plus heureuse de sa vie. Il habitait alors un appartement de la prestigieuse avenue Carnot, près de la place de l’Étoile.
La guerre
Août 1914. La Première Guerre mondiale surprit Ravel en pleine composition de son Trio en la majeur qui fut finalement créé en 1915. Dès le début du conflit, le compositeur chercha à se faire engager, mais, déjà exempté de service militaire en raison de sa petite taille, il fut refusé pour être « trop léger de deux kilos ». Dès lors, l’inaction devint une torture pour Ravel. À force de démarches, il finit par se faire engager comme conducteur de camion (mars 1916) et fut envoyé près de Verdun. Depuis le front, tandis que Debussy tombait dans les travers du nationalisme, Ravel fit une démonstration éclatante de sa probité artistique en refusant, au risque de voir sa propre musique bannie des concerts, de prendre part à la Ligue nationale pour la défense de la musique française, organisation créée en 1916 qui faisait de la musique un outil de propagande nationaliste et interdisait entre autres la diffusion en France des oeuvres allemandes et austro-hongroises.
« Je ne crois pas que « pour la sauvegarde de notre patrimoine artistique national » il faille « interdire d'exécuter publiquement en France des oeuvres allemandes et autrichiennes contemporaines non tombées dans le domaine public ». Il serait même dangereux pour les compositeurs français d'ignorer systématiquement les productions de leurs confrères étrangers et de former ainsi une sorte de coterie nationale : notre art musical, si riche à l'heure actuelle, ne tarderait pas à dégénérer, à s'enfermer en des formules poncives. Il m'importe peu que M. Schönberg, par exemple, soit de nationalité autrichienne. Il n'en est pas moins un musicien de haute valeur, dont les recherches pleines d'intérêt ont eu une influence heureuse sur certains compositeurs alliés, et jusque chez nous. Bien plus, je suis ravi que MM. Bartók, Kodály et leurs disciples soient hongrois et le manifestent dans leurs oeuvres avec tant de saveur. D'autre part je ne crois pas qu'il soit nécessaire de faire prédominer en France, et de propager à l'étranger toute musique française, quelle qu'en soit la valeur. Vous voyez, Messieurs, que sur bien des points mon opinion diffère suffisamment de la vôtre pour ne pas me permettre l'honneur de figurer parmi vous. » (Ravel, 7 juin 1916)
Victime selon toute vraisemblance d’une Péritonite à la fin de 1916, Ravel fut opéré avant d’être démobilisé. La mort de sa mère, en janvier 1917, le plongea dans un tourment sans comparaison avec celui causé par la guerre — il ne devait jamais vraiment s’en remettre. Mais son activité créatrice, bien que ralentie, résista à ces épreuves accumulées. Il acheva cette année-là six pièces pour piano regroupées sous le titre du Tombeau de Couperin, suite dans un style néoclassique français qu’il dédia à des amis morts à la guerre.
Jusqu’à 1919, traumatisé par le conflit autant que par la perte de sa mère, Ravel traversa une période de silence et de doute que vinrent seulement interrompre deux commandes cruciales, qui allaient aboutir plus tard à La Valse et à L'Enfant et les Sortilèges. Ainsi prenait fin la période la plus féconde de la vie créatrice du musicien, époque de laquelle date son image communément admise de Dandy, homme volontiers froid, réservé, masqué derrière une affectation et une élégance soigneusement calculées. Mais rien mieux que ses chefs-d’oeuvre de l’après-1918 n'allait laisser entrevoir sa vraie nature.
1918–1928 : Dépouillement
L'héritage de Debussy
La guerre, terminée, avait bouleversé la société et remis en cause les canons esthétiques hérités de ce qu'on appellerait bientôt la « Belle Époque » : les années d'après-guerre virent ainsi tout un pan de la musique européenne, de Prokofiev (Symphonie classique) à Stravinski (Pulcinella), prendre un virage néoclassique auquel Ravel allait contribuer à sa manière. Pour les quelques douze années d’activité qui lui restaient, la production du musicien se ralentit considérablement (une oeuvre par an en moyenne, en excluant les orchestrations) et son style évolua selon ses propres mots dans le sens d’un « dépouillement poussé à l'extrême ». Son art allait s’ouvrir dans le même temps aux innovations rythmiques et techniques venues de l’étranger, en particulier d’Amérique du Nord.
Les années passant, et après la mort de Claude Debussy en 1918, Ravel était désormais considéré comme le plus grand compositeur français vivant. La façon dont s'accommoda de ce nouveau statut celui qui déclara en 1928, à propos du public qui l'acclamait, « Ce n'est pas moi qu'ils veulent voir, c'est Maurice Ravel », dérouta plus d'un observateur. Ce fut d'abord, en 1920, la réaction désinvolte à sa promotion au rang de chevalier de la Légion d’Honneur : pour une raison qu'il ne précisa jamais, il ne prit même pas la peine de répondre à cette annonce. Satie, brouillé avec lui depuis 1913, s’en amusa dans une boutade célèbre : « Ravel refuse la Légion d’Honneur mais toute sa musique l’accepte »
Le premier chef-d’oeuvre de l’après-guerre fut La Valse, poème symphonique dramatique commandé pour le ballet par Serge Diaghilev et joué en première audition en avril 1920 en présence de Stravinski et Poulenc. Ravel y défigurait sciemment la valse viennoise en dépeignant un « tourbillon fantastique et fatal », évocation musicale de l'anéantissement de la civilisation par la guerre récemment achevée. Mû désormais par un désir de dépouillement, se tournant vers une réaction en faveur de la mélodie, c’est à la mémoire de Debussy qu'il composa sa vaste Sonate pour violon et violoncelle que créa sa violoniste fétiche, Hélène Jourdan-Morhange (1922).
Montfort-l’Amaury
En
1921, désireux de se fixer, Ravel acheta une maison à
Montfort-l’Amaury dans les
Yvelines, voulant acquérir « une bicoque à trente kilomètres au moins de Paris » : le “Belvédère”. C’est dans cette maison, aujourd’hui un musée, qu’il devait composer la majeure partie de ses dernières oeuvres. Cette époque vit la naissance des sensuelles
Chansons Madécasses, sur des poèmes d’Évariste Parny (
1923), dans lesquelles le musicien exprimait au passage son
Anticolonialisme (
Aoua), et de la rhapsodie virtuose
Tzigane (
1924). Le Belvédère s’imprégna vite de la personnalité du musicien qui en fit, de son vivant même, un véritable musée (collection de porcelaines asiatiques, jouets mécaniques, horloges).
Bien que solitaire et pudique, Ravel eut une riche vie sociale. Le Belvédère de Montfort-l'Amaury devint rapidement le repaire incontournable du cénacle ravélien (entre autres l’écrivain Léon-Paul Fargue, les compositeurs Maurice Delage, Arthur Honegger, Jacques Ibert, Florent Schmitt, Germaine Tailleferre, les interprètes Marguerite Long, Robert Casadesus, Jacques Février, Madeleine Grey, Hélène Jourdan-Morhange, Vlado Perlemuter, le sculpteur Léon Leyritz, et les deux fidèles élèves de Ravel, Roland-Manuel et Manuel Rosenthal). Mais bien que tous les témoignages convergent pour louer chez lui une générosité et une loyauté indéfectibles, les apparences ne pouvaient entièrement cacher la solitude et la tristesse de cet homme, qui trouva une échappatoire dans l’orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, 1922, et dans une série de tournées à l’étranger (Pays-Bas, Italie, Angleterre, Espagne). La question de la sexualité du compositeur a souvent fait l'objet de gloses, sans qu'une réponse précise lui soit apportée. Ravel ne se maria jamais et aucune relation sentimentale, féminine ou masculine, ne lui est connue.
Lyrisme et blues
C'est en
1925, année de son 50
e anniversaire, que Ravel acheva son oeuvre peut-être la plus originale :
L'Enfant et les sortilèges. Le projet de cette
fantaisie lyrique remontait à
1919, quand
Colette se vit proposer (par Jacques Rouché, alors directeur de l’Opéra de Paris) la collaboration de Ravel pour mettre en musique un poème de sa main, intitulé au départ
Divertissement pour ma fille. Au terme d'une genèse longue de plusieurs mois, le compositeur en tira une comédie musicale mêlant des genres aussi riches que variés, exprimant plus qu'il ne l'avait encore fait son penchant pour le monde du merveilleux et de l'enfance. L’accueil du public fut mitigé lors de la création de l’opéra à Monte-Carlo en mars
1925, mais la postérité donna la place qu’il méritait à ce bijou du répertoire lyrique. Colette a rapporté avec humour la relation purement professionnelle et distante dans laquelle Ravel la tint au cours de l’élaboration de ce projet. Tandis qu’en
1927 était achevée la
Sonate pour violon et piano (dont le second mouvement est intitulé
Blues), Ravel s'apprêtait à devenir, avec Stravinsky, la personnalité la plus en vue du monde de la musique.
1928–1932 : la consécration
La tournée américaine
1928 fut pour Ravel une année particulièrement faste. De janvier à avril il effectua une gigantesque tournée de concerts aux
États-Unis et au
Canada qui lui valut, dans chaque ville visitée, un immense succès. Il se produisit comme pianiste dans sa
Sonatine, accompagna sa
Sonate pour violon et certaines de ses mélodies, dirigea l’orchestre, prononça des discours sur la musique dont aucun enregistrement direct ne nous est parvenu. À
New York il fréquenta les clubs de
Jazz de
Harlem et se fascina pour les improvisations du jeune
George Gershwin, auteur quatre ans plus tôt d'une retentissante
Rhapsody in Blue et dont il appréciait particulièrement la musique. À celui-ci lui réclamant des leçons, Ravel répondit par la négative, argumentant : « Vous perdriez la grande spontanéité de votre mélodie pour écrire du mauvais Ravel. » Dans cet esprit Ravel insista à plusieurs reprises auprès des Américains pour qu'ils cultivent la spécificité de leur musique nationale.
Boléro
Article détaillé : Boléro (Ravel) De retour en France, Ravel s'attela à ce qui devait devenir son oeuvre la plus célèbre et, malgré lui, l'instrument de sa consécration internationale. Après quelques tergiversations, le « ballet de caractère espagnol » que lui avait commandé son amie
Ida Rubinstein en
1927 adopta le rythme d'un
Boléro andalou. Le
Boléro fut créé à Paris le 22 novembre 1928 devant un parterre quelque peu stupéfié. Cette oeuvre singulière, qui tient le pari de durer plus d’un quart d’heure avec seulement deux thèmes et une ritournelle inlassablement répétés, était considérée par son auteur comme une expérience d’orchestration « dans une direction très spéciale et limitée », et Ravel lui-même fut vite exaspéré par le succès de cette partition qu’il disait « vide de musique ». À propos d’une dame criant: « Au fou, au fou ! » après avoir entendu l’oeuvre, le compositeur aurait confié à son frère : « Celle-là, elle a compris ! »
En octobre 1928, Ravel fut fait docteur en musique honoris causa à l’Université d’Oxford. Dans sa ville natale, il inaugura, en août 1930, le quai qui porte son nom.
Derniers chefs-d’oeuvre
De
1929 à
1931, Ravel conçut ses deux derniers grands chefs-d’oeuvre. Composés simultanément et créés à quelques jours d’intervalle en janvier 1932, les deux concertos pour piano et orchestre apparaissent comme la synthèse de l’art ravélien, combinant forme classique et style moderne empruntant au jazz. Mais ces deux oeuvres frappent par leur contraste. Au
Concerto pour la main gauche, oeuvre grandiose baignée d’une sombre lumière et empreinte de fatalisme qu’il dédia au pianiste manchot
Paul Wittgenstein, répondit l’éclatant
Concerto en sol dont le mouvement lent constitue l’une des plus intimes méditations musicales du compositeur. Avec les trois chansons de
Don Quichotte à Dulcinée, composées en
1932 sur un poème de
Paul Morand, les concertos mirent un point final à la production musicale de Maurice Ravel.
Le temps d’une tournée triomphale en 1932 en compagnie de la pianiste Marguerite Long, qui diffusa le Concerto en sol dans toute l’Europe, Ravel prit une dernière fois la mesure de sa renommée. De retour en France, après avoir enregistré ce même concerto sous sa propre direction, il n’avait plus que des projets : notamment un ballet-oratorio, Morgiane, inspiré des Mille et Une Nuits, et un grand opéra, Jeanne d’Arc, d’après le roman éponyme de Joseph Delteil.
1933–1937 : une fin tragique
À partir de l’été
1933, Ravel commença à présenter les signes d’une maladie neurologique qui allait le condamner au silence pour les quatre dernières années de sa vie. Troubles de l’écriture, de la motricité et du
Langage en furent les principales manifestations, tandis que son intelligence était parfaitement préservée et qu’il continuait de penser sa musique, sans plus pouvoir bientôt l'écrire ni la jouer. L’opéra
Jeanne d’Arc, auquel le compositeur attachait tant d’importance, ne devait jamais voir le jour. On pense qu’un traumatisme crânien consécutif à un accident de taxi dont il fut victime en octobre
1932 précipita les choses, mais Ravel, qui souffrait depuis longtemps d'insomnies récurrentes, semblait conscient du trouble depuis le milieu des années 1920 (la thèse d’une
démence de Pick est discutée). Le public resta longtemps dans l’ignorance de la maladie. Chacune des rares apparitions publiques de Ravel lui valait un triomphe, ce qui rendit d’autant plus douloureuse son inaction.
En 1935, sur proposition d’Ida Rubinstein, Ravel entreprit un ultime voyage en Espagne et au Maroc qui lui apporta un réconfort salutaire, mais vain. Le musicien se retira définitivement à Montfort-l’Amaury où, jusqu’à sa mort, il put compter sur la fidélité et le soutien de ses amis et de sa fidèle gouvernante, Madame Révelot. Le mal continua de progresser. Le 19 décembre 1937, malgré les réticences du musicien, le professeur Clovis Vincent tenta à Paris une intervention chirurgicale sur son cerveau dans l'hypothèse d'une atteinte tumorale. Ravel se réveilla un court moment après l’intervention, puis plongea définitivement dans le coma. Il s'éteignit le 28 décembre 1937, à l’âge de 62 ans. Sa mort provoqua dans le monde une grande émotion, que la presse relaya dans un hommage unanime. Le discours officiel de la République française fut prononcé à son enterrement par Jean Zay, alors ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. Le compositeur repose au cimetière de Levallois-Perret près de ses parents et de son frère.
Avec Ravel disparaissait le dernier représentant d’une lignée de musiciens qui avaient su renouveler l’écriture musicale sans jamais renoncer aux principes hérités du classicisme. Par-là même, le dernier compositeur dont l’oeuvre dans sa totalité, toujours novatrice et jamais rétrograde, soit « entièrement accessible à une oreille profane » (Marcel Marnat).
« Je n’ai jamais éprouvé le besoin de formuler, soit pour autrui soit pour moi-même, les principes de mon esthétique. Si j’étais tenu de le faire, je demanderais la permission de reprendre à mon compte les simples déclarations que Mozart a faites à ce sujet. Il se bornait à dire que la musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre, pourvu qu’elle charme et reste enfin et toujours la musique. » (Ravel, Esquisse autobiographique, 1928)
Ravel et son art
Les influences
Né à une époque plus que propice à l’éclosion des arts, Ravel bénéficia d’influences très diverses. Mais comme le souligne Vladimir Jankélévitch dans sa biographie, « aucune influence ne peut se flatter de l’avoir conquis tout entier . Ravel demeure jalousement insaisissable derrière tous ces masques que lui prêtent les snobismes du siècle. »
Aussi la musique de Ravel apparaît-elle d’emblée, comme celle de Debussy, profondément originale, voire inclassable selon l’esthétique traditionnelle. Ni absolument moderniste ni simplement impressionniste (comme Debussy, Ravel refusait catégoriquement ce qualificatif qu'il estimait réservé à la peinture), elle s’inscrit bien davantage dans la lignée du classicisme français initié au XVIIIe siècle par Couperin et Rameau et dont elle fut l’ultime prolongement. Ravel par exemple (à l’inverse de son contemporain Stravinski) ne devait jamais renoncer à la musique tonale et n'usa qu'avec parcimonie de la Dissonance, ce qui ne l’empêcha pas par ses recherches de trouver de nouvelles solutions aux problèmes posés par l’Harmonie et l’Orchestration, et de donner à l’écriture pianistique de nouvelles directions.
De Chabrier au jazz
De
Fauré et
Chabrier (
Sérénade grotesque,
Pavane pour une infante défunte,
Menuet antique) à la Musique noire américaine (
L’Enfant et les sortilèges,
Sonate pour violon,
Concerto en sol) en passant par l’
école russe (
À la manière de… Borodine, orchestration des
Tableaux d’une exposition),
Satie,
Debussy (
Jeux d’eau,
Quatuor à cordes),
Couperin et
Rameau (
Le Tombeau de Couperin),
Chopin et
Liszt (
Gaspard de la nuit,
Concerto pour la main gauche),
Schubert (
Valses nobles et sentimentales),
Schönberg (
Trois poèmes de Mallarmé), et enfin
Saint-Saëns et Mozart (
Concerto en sol), Ravel a su faire la synthèse de courants extrêmement variés et imposer son style dès ses premières oeuvres. Ce style ne devait d’ailleurs que très peu évoluer au cours de sa carrière, sinon comme il le disait lui-même dans le sens d’un
« dépouillement poussé à l’extrême » (
Sonate pour violon et violoncelle,
Chansons madécasses).
L’éclectique
Éclectique par excellence tout en s'inscrivant dans une esthétique indiscutablement française, Ravel sut tirer profit de son intérêt pour les musiques de toutes origines. L’influence notoire jouée sur son imaginaire musical par le
Pays basque (
Trio en la majeur) et surtout l’
Espagne (
Habanera,
Pavane pour une infante défunte,
Rapsodie espagnole,
Boléro,
Don Quichotte à Dulcinée) participe beaucoup à sa popularité internationale, mais conforte aussi l’image d’un musicien toujours épris de rythme et de musiques
folkloriques. L’
Orient (
Shéhérazade,
Introduction et Allegro,
Ma mère l’Oye), la
Grèce (
Daphnis et Chloé,
Chansons populaires grecques) et les sonorités
Tziganes (
Tzigane) l’inspirèrent également.
La musique noire américaine, que lui fit mieux découvrir Gershwin au cours de la tournée américaine de 1928, fascina Ravel. Il en introduisit de nombreuses touches dans les chefs-d’oeuvre de sa dernière période créatrice (Ragtime dans lEnfant et les sortilèges, Blues dans le second mouvement de la Sonate pour violon, Jazz dans le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche).
Enfin, il est nécessaire de souligner la fascination qu’exerça le monde de l’enfance sur Ravel. Que ce soit dans sa propre vie (attachement absolu, quasi-infantile, à sa mère, collection de jouets mécaniques…) ou dans son oeuvre (de Ma mère l’Oye à lEnfant et les sortilèges), Ravel exprima régulièrement une extrême sensibilité et un goût prononcé pour le Fantastique et le domaine du rêve.
L’orfèvre du son
« Je me refuse simplement mais absolument à confondre la conscience de l’artiste, qui est une chose, avec sa sincérité, qui en est une autre . Cette conscience exige que nous développions en nous le bon ouvrier. Mon objectif est donc la perfection technique. Je puis y tendre sans cesse, puisque je suis assuré de ne jamais l’atteindre. L’important est d’en approcher toujours davantage. L’art, sans doute, a d’autres effets, mais l’artiste, à mon gré, ne doit pas avoir d’autre but. » (Ravel,
Esquisse autobiographique,
1928).
Cette recherche de la perfection fit autant pour son succès auprès du grand public que pour sa défaveur auprès de certains critiques. Tandis que son ami Stravinski raillait sa méticulosité en le qualifiant d’ « horloger suisse », certains ne virent dans sa musique que sécheresse, froideur ou artifice. Ravel, qui ne reniait rien de son amour pour les artifices et les mécanismes mais cherchait toujours, en citant Edgar Poe, « le point à égale distance de la sensibilité et de l’intelligence », répliqua avec une phrase devenue célèbre : « Mais est-ce qu’il ne vient jamais à l’esprit de ces gens-là que je peux être « artificiel » par nature ? »
Composer semble n’avoir jamais été chose facile pour Ravel. Son refus de céder à cette « haïssable sincérité de l’artiste, mère de tant d'oeuvres bavardes et imparfaites » lui donna le goût de la contrainte auto-imposée, et plus encore de la difficulté vaincue. C’est sans doute ce qui explique la faible abondance de ses oeuvres, dans une période créatrice pourtant longue de près de quarante ans, et l'état d'inachèvement dans lequel il laissa plusieurs projets, notamment Shéhérazade (opéra, 1898), La Cloche engloutie (opéra, 1906), et Zazpiak Bat (concerto, 1914). Pleinement conscient de son caractère, Ravel pouvait confier à Manuel Rosenthal : « Oui, mon génie, c’est vrai, j’en ai. Mais qu’est-ce que c’est ? Eh bien, si tout le monde savait travailler comme je sais travailler, tout le monde ferait des oeuvres aussi géniales que les miennes. »
Quoi qu’il en soit, de l’incroyable ouverture de L'Heure espagnole aux onomatopées de L'Enfant et les Sortilèges, de la pédale obstinée de si bémol du Gibet dans Gaspard de la nuit à la rigidité rythmique et temporelle du Boléro, cet entêtement dans la quête de la perfection et ce goût de la gageure font beaucoup pour la légende ravélienne.
L’orchestrateur
Ravel fut selon Marcel Marnat « le plus grand orchestrateur français » et de l’avis de nombreux mélomanes l’un des meilleurs
orchestrateurs de l’histoire de la musique occidentale. Son oeuvre la plus célèbre, le
Boléro, ne doit-elle pas sa tenue à la seule variation des
timbres et à un immense
crescendo de l’orchestre ?
Passé maître dans le maniement des timbres (quoique n’étant pas lui-même adepte de nombreux instruments), sachant trouver l’équilibre harmonieux le plus subtil, Ravel sut transcender de nombreuses oeuvres originales (le plus souvent écrites pour le piano) et leur donner une dimension nouvelle, que ces pages fussent de lui (Ma mère l’Oye, 1912, Valses nobles et sentimentales, 1912, Alborada del gracioso, 1918, Le Tombeau de Couperin, 1919…) ou de ses éminents confrères : Moussorgski (Khovantchina, 1913), Schumann (Carnaval, 1914), Chabrier (Menuet pompeux, 1918), Debussy (Sarabande et Danse, 1923) ou encore Chopin (Étude, Nocturne et Valse, 1923).
Mais ce fut l’orchestration des célèbres Tableaux d’une exposition de Moussorgski, commande de Serge Koussevitzky achevée en 1922 à Lyons-la-Forêt chez son ami Roland-Manuel, qui assit définitivement la réputation internationale de Ravel en la matière. Sa version reste la référence et éclipse celle des autres compositeurs qui s’y sont essayés, même si certains regrettent que ce travail ait diminué la simplicité et la naïveté de la page originale. Les Tableaux orchestrés par Ravel font partie, avec le Boléro, des oeuvres françaises les plus représentées à l’étranger.
L’interprète
Faute d'un entraînement assidu, Ravel fut bon pianiste sans être un virtuose (certaines de ses propres oeuvres, notamment le
Concerto en sol qu’il rêvait de présenter lui-même, lui restèrent inaccessibles). Il fut propriétaire de plusieurs
pianos droits, le dernier étant encore exposé à Montfort-l'Amaury. Au piano le compositeur assura la création, entre autres, de ses
Histoires naturelles (1907), des
Mélodies hébraïques (1914), de
La Valse (1920), de la
Berceuse sur le nom de Fauré (1922) et, avec
Georges Enesco, de la
Sonate pour violon et piano (1927). Au cours de sa tournée américaine en 1928, il joua sa
Sonatine, accompagna sa
Sonate pour violon et certaines de ses mélodies.
En tant que chef d’orchestre, Ravel créa l'ouverture de Shéhérazade (1899) et la version de concert du Boléro (1930). À la baguette il n’égala jamais, même de loin, ses qualités d’orchestrateur. Le seul enregistrement qu’il a laissé (un Boléro daté de 1930) et les témoignages de l’époque confirment que Ravel n’était pas un virtuose au Pupitre. Il dirigea pourtant avec un immense succès son Concerto en sol au cours de sa dernière tournée, en 1932.
OEuvres principales
L'oeuvre de Ravel se caractérise d'une façon générale par sa diversité (tous les genres musicaux ayant été abordés à l'exception de la musique religieuse) et sa proportion notable d'oeuvres reconnues comme majeures, parmi une production d'un volume relativement modeste. Le catalogue complet établi par Arbie Orenstein et complété par Marcel Marnat compte
cent onze oeuvres achevées par le compositeur entre
1887 et
1933, soit quatre-vingt six oeuvres originales et vingt-cinq oeuvres adaptées. Les quelque soixante oeuvres principales sont sous-citées.
OEuvres originales
Période | Titre | Instrumentation | Parties / Indications |
---|
OEUVRES POUR PIANO |
1892 - 93 | Sérénade grotesque | Piano 2 mains | Très rude |
1895 | Menuet antique | Piano 2 mains | Maestoso |
1895 - 97 | Sites auriculaires | 2 pianos | I. Habanera (En demi-teinte et d'un rythme las) - II. Entre cloches (Allègrement) |
1899 | Pavane pour une infante défunte | Piano 2 mains | Assez doux, mais d'une sonorité large |
1901 | Jeux d'eau | Piano 2 mains | Très doux |
1903 - 05 | Sonatine | Piano 2 mains | I. Modéré - II. Mouvement de menuet - III. Animé |
1904 - 05 | Miroirs | Piano 2 mains | I. Noctuelles - II. Oiseaux tristes - III. Une barque sur l'océan IV. Alborada del gracioso - V. La vallée des cloches |
1908 | Gaspard de la nuit | Piano 2 mains | I. Ondine - II. Le gibet - III. Scarbo |
1908 - 10 | Ma Mère l'Oye | Piano 4 mains | I. Pavane de la Belle au bois dormant - II. Petit Poucet - III. Laideronnette, impératrice des pagodes - IV. Les entretiens de la Belle et de la Bête - V. Le jardin féerique |
1909 | Menuet sur le nom de Haydn | Piano 2 mains | Mouvement de menuet |
1911 | Valses nobles et sentimentales | Piano 2 mains | I. Modéré. Très franc - II. Assez lent - III. Modéré - IV. Assez animé - V. Presque lent VI. Vif - VII. Moins vif - VIII. Épilogue. Lent |
1912 | À la manière de... Chabrier | Piano 2 mains | Allegretto |
1912 | À la manière de... Borodine | Piano 2 mains | Valse. Allegro giusto |
1914 - 17 | Le Tombeau de Couperin | Piano 2 mains | I. Prélude - II. Fugue - III. Forlane - IV. Rigaudon - V. Menuet - VI. Toccata |
1918 | Frontispice | 2 pianos 5 mains | Pas d'indication |
OEUVRES ORCHESTRALES |
1898 | Ouverture de Shéhérazade | Orchestre | Ouverture de féerie |
1907 | Rapsodie espagnole | Orchestre | I. Prélude à la nuit - II. Malagueña - III. Habanera - IV. Feria |
1909 - 12 | Daphnis et Chloé | Orchestre et choeurs | Symphonie chorégraphique en trois parties |
1919 - 20 | La Valse | Orchestre | Mouvement de valse viennoise - Un peu plus modéré - 1er Mouvement - Assez animé |
1922 - 24 | Tzigane | Violon et orchestre | Lento - Moderato - Allegro |
1928 | Boléro | Orchestre | Tempo di Bolero moderato assai |
1929 - 30 | Concerto pour la main gauche | Piano et orchestre | Lento - Allegro - Tempo I |
1929 - 31 | Concerto en sol majeur | Piano et orchestre | I. Allegramente - II. Adagio assai - III. Presto |
MUSIQUE DE CHAMBRE |
1897 | Sonate posthume | Violon, piano | Allegro moderato |
1902 - 03 | Quatuor à cordes | 2 violons, alto, violoncelle | I. Allegro moderato - II. Assez vif, très rythmé III. Très lent - IV. Vif et agité |
1905 | Introduction et Allegro | Harpe, flûte, clarinette, 2 violons, alto, violoncelle | Introduction - Allegro |
1914 | Trio avec piano | Piano, violon, violoncelle | I. Modéré - II. Pantoum. Assez vif - III. Passacaille. Très large - IV. Finale. Animé |
1920 - 22 | Sonate pour violon et violoncelle | Violon, violoncelle | I. Allegro - II. Très vif - III. Lent - IV. Vif, avec entrain |
1924 | Tzigane | Violon, piano ou luthéal | Lento - Moderato - Allegro |
1924 - 27 | Sonate pour violon et piano | Violon, piano | I. Allegretto - II. Blues. Moderato - III. Perpetuum mobile |
MUSIQUE VOCALE |
1897 - 99 | Deux épigrammes | Soprano et piano | I. D'Anne jouant de l'espinette - II. D'Anne qui me jecta de la neige - (Clément Marot) |
1901 | Myrrha | Soprano, ténor, baryt., orch. | Cantate pour le Prix de Rome - (Lord Byron) |
1902 | Alcyone | Soprano, ténor, baryt., orch. | Cantate pour le Prix de Rome - (Ovide) |
1903 | Alyssa | Soprano, ténor, baryt., orch. | Cantate pour le Prix de Rome - (Marguerite Coiffier) |
1903 | Shéhérazade | Soprano et orchestre | I. Asie - II. La flûte enchantée - III. L'indifférent - (Tristan Klingsor) |
1906 | Histoires naturelles | Voix et piano | I. Le paon - II.Le grillon - III. Le cygne - IV. Le martin-pêcheur - V. La pintade - (Jules Renard) |
1907 | Chansons populaires grecques | Soprano et piano | I. Chanson de la mariée - II. Là-bas, vers l'église - III. Quel galant m'est comparable IV. Chanson des cueilleuses de lentisques - V. Tout gai ! - (Grèce) |
1913 | Trois poèmes de Mallarmé | Voix et orch. de chambre | I. Soupir - II. Placet futile - III. Surgi de la croupe et du bond - (Stéphane Mallarmé) |
1914 | Mélodies hébraïques | Voix et piano | I. Kaddich - II. L'énigme éternelle - (Israël) |
1914 - 15 | Trois chansons pour choeur | Choeur mixte A cappella | I. Nicolette - II. Trois beaux oiseaux du paradis - III. Ronde - (Maurice Ravel) |
1922 | Chansons madécasses | Soprano/baryton, piano, flûte et violoncelle | I. Nahandove - II. Aoua - III. Il est doux - (Évariste Parny) |
1923 - 24 | Ronsard à son âme | Voix et piano | Amelette Ronsardelette - (Pierre de Ronsard) |
1927 | Rêves | Voix et piano | Un enfant court - (Léon-Paul Fargue) |
1932 - 33 | Don Quichotte à Dulcinée | Baryton et piano/orch. | I. Chanson romanesque - II. Chanson épique - III. Chanson à boire - (Paul Morand) |
OEUVRES LYRIQUES |
1907 - 11 | L'Heure espagnole | Opéra pour cinq voix solistes avec orchestre sur un livret de Franc-Nohain |
1919 - 25 | L'Enfant et les sortilèges | Fantaisie lyrique en deux parties pour solistes et choeurs avec orchestre sur un livret de Colette |
Orchestrations et arrangements
ARRANGEMENTS DE SES PROPRES OEUVRES |
Période | Titre | Arrangement | Parties / Indications |
---|
1906 | Une barque sur l'océan | Orchestration | D'un rythme souple |
1910 | Pavane pour une infante défunte | Orchestration | Lent |
1911 - 12 | Ma Mère l'Oye | Orchestration | I. Prélude - II. Danse du rouet et scène - III. Pavane de la Belle au bois dormant IV. Les entretiens de la Belle et de la Bête - V. Petit Poucet - VI. Laideronnette, impératrice des pagodes - VII. Le jardin féerique |
1912 | Valses nobles et sentimentales (Adélaïde ou le langage des fleurs) | Orchestration | I. Modéré. Très franc - II. Assez lent - III. Modéré - IV. Assez animé - V. Presque lent - VI. Vif VII. Moins vif - VIII. Epilogue. Lent |
1918 | Alborada del gracioso | Orchestration | Assez vif |
1919 | Le Tombeau de Couperin | Orchestration | I. Prélude - II. Forlane - III. Menuet - IV. Rigaudon |
1920 | La Valse | Réductions pour 2 pianos | Mouvement de valse viennoise |
1929 | Boléro | Réduction pour piano | Tempo di Bolero moderato assai |
1929 | Menuet antique | Orchestration | Maestoso |
1932 | Concerto en sol majeur | Réduction pour 2 pianos | I. Allegramente - II. Adagio assai - III. Presto |
ARRANGEMENTS D'AUTRES OEUVRES |
Période | Titre | Auteur original | Arrangement | Parties / Indications |
---|
1909 | Trois Nocturnes | Claude Debussy | Réduction pour 2 pianos | I. Nuages - II. Fêtes - III. Sirènes |
1910 | Prélude à l'après-midi d'un faune | Claude Debussy | Réduction pour piano à 4 mains | Très modéré |
1913 | La Khovanchtchina | Modeste Moussorgski | Orchestration | Orchestration complétée avec Igor Stravinski |
1914 | Carnaval | Robert Schumann | Orchestration | |
1914 | Les Sylphides | Frédéric Chopin | Orchestration | I. Prélude - II. Nocturne - III. Valse |
1917 - 1918 | Menuet pompeux | Emmanuel Chabrier | Orchestration | Extrait des Dix Pièces pittoresques |
1922 | Tableaux d'une exposition | Modeste Moussorgski | Orchestration | 10 tableaux et 5 promenades |
1923 | Sarabande et Danse | Claude Debussy | Orchestration | I. Sarabande - II. Danse ou Tarentelle styrienne |
OEuvres les plus jouées
D’après le Portail de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, Ravel est le musicien français non tombé dans le domaine public qui s’exporte le mieux depuis des décennies. Le
Boléro est ainsi resté en tête du classement mondial des droits SACEM jusqu’en
1993, suivi de près par l’orchestration des
Tableaux d’une exposition de Moussorgski. En
1994 et
1995, sur les dix oeuvres de la SACEM les plus exportées, cinq étaient de Ravel : le
Boléro, les
Tableaux d’une exposition,
Daphnis et Chloé, le
Concerto en sol et
Ma mère l’Oye. En
2005, le
Boléro pointait encore à la cinquième place.
Droits d'auteur
- Au Canada et dans les pays observant un délai de 50 ans post mortem, les oeuvres de Ravel sont tombées dans le Domaine public le 1er janvier 1988.
- Aux États-Unis, les oeuvres de Ravel publiées avant 1923 sont tombées dans le Domaine public ; celles publiées à partir de 1923 (et jusqu'en 1977) sont (très probablement) protégées durant 95 ans après leur date de publication.
- Dans l'Union européenne (à l'exception de la France) et dans les pays observant un délai de 70 ans post mortem, les oeuvres de Ravel sont tombées dans le Domaine public le 1er janvier 2008.
- Cependant en France, du fait des prorogations de guerre, les oeuvres de Ravel publiées avant 1921 resteront protégées jusqu'en octobre 2022 ; celles publiées de 1921 à 1947 le seront jusqu'en mai 2016.
Ces indications valent pour les oeuvres dont Ravel est le seul auteur ; pour la musique vocale il convient de vérifier aussi le statut de l'auteur du texte.Médiathèque
- Sérénade grotesque (1892-93)
- Pavane pour une infante défunte (1899)
- Miroirs (1904-1905) pour piano
- 1. Noctuelles
- 2. Oiseaux tristes
- 3. Une barque sur l'océan
- 4. Alborada del Gracioso
- 5. La vallée des cloches
- Valses nobles et sentimentales (1906)
- 1. Modéré et 2. Assez lent.
- 3. Modéré, 4. Assez animé et 5. Presque lent
- 6. Vif, 7. Moins vif et 8. Épilogue: lent
- La Valse (1919-1920), version pour deux pianos, par Neal et Nancy O'Doan lors d'un concert public à l'Université de Washington.
Références, notes et citations
..
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Roland-Manuel, À la gloire de Ravel, éditions de la Nouvelle Revue Critique, Paris, 1938, 285 p.
Première biographie de Maurice Ravel.
- Colette, etc., Maurice Ravel par quelques-uns de ses familiers, éditions du Tambourinaire, Paris, 1939, 187 p.
- Hélène Jourdan-Morhange, Ravel et nous, éditions du Milieu du monde, 1945 ;
Recueil des souvenirs d'une proche de Ravel, préfacé par Colette et illustré par Luc-Albert Moreau.
- Marguerite Long, Au piano avec Maurice Ravel, éd. Gérard Billaudot, 1971 ;
Témoignages éclairés d’une grande pianiste proche du compositeur.
- Marcel Marnat, Maurice Ravel, Fayard, coll. « Indispensables de la musique », 1986, 828 p. (ISBN 2-213596255) ;
Biographie quasi exhaustive, d’une formidable richesse documentaire. La vie de Ravel replacée en permanence dans le contexte de son temps. Catalogue complet des oeuvres.
- Marcel Marnat, Maurice Ravel. Qui êtes-vous ? : l'hommage de la Revue Musicale, décembre 1938, Éditions de la Manufacture, Lyon, 1987, 487p. (ISBN 2-7377-0052-3)
Réédition du numéro spécial de la Revue Musicale paru en décembre 1938 pour l'anniversaire de la mort de Ravel, présenté et annoté par Marcel Marnat.
- Maurice Ravel, Lettres, écrits et entretiens, présentés et annotés par Arbie Orenstein, Flammarion, collection Harmoniques, 1989, 632 p. (ISBN 2-080661035) ;
Recueil de la correspondance et des principaux documents écrits de Ravel.
- Vladimir Jankélévitch, Ravel, Le Seuil, coll. « Solfèges », 1995, 224 p. (ISBN 2-020234904) ;
Seconde édition, augmentée d’un catalogue exhaustif de l’oeuvre musicale et d’un index, comporte aussi une nouvelle discographie et une bibliographie mise à jour.
- Étienne Rousseau-Plotto, Ravel, portraits basques, Séguier, 2004, 308 p. (ISBN 2-840493600).
Cet ouvrage présente les liens du compositeur avec le pays (origines maternelles, séjours, amis), la langue et la musique basques ; 150 photographies, 26 planches couleurs ; index.
- Jean Echenoz, Ravel, Minuit, 2006, 123 p. (ISBN 2-707319309).
Ce roman retrace les dix dernières années de la vie du compositeur.
Liens externes